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Patrimoine, Routes

Une découverte archéologique exceptionnelle sur les travaux de la déviation à Villedieu-sur-Indre

Les restes de 28 chevaux, inhumés dans une spectaculaire mise en scène, ont été mis au jour. Ils évoquent un possible lien avec un épisode de la Guerre des Gaules. Les professionnels de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont dévoilé à la presse l'objet de leurs découvertes, ce vendredi 25 mai 2024.

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Des chevaux gaulois ont-ils été sacrifiés à Villedieu-sur-Indre ? 

Une équipe de l’Inrap fouille actuellement à Villedieu-sur-Indre, d’étonnantes fosses de chevaux, sur prescription de l’État (Drac Centre -Val de Loire), avant la réalisation d'une déviation. La fouille d’1,3 hectare, implantée sur le versant d’un vallon, a révélé un site daté de la fin du Ve et du VIe siècles. Nombre de bâtiments, de fosses, de fossés et un chemin du haut Moyen Age ont ainsi été mis au jour. Hormis l’occupation médiévale, neuf fosses contenant des chevaux ont été découvertes. Celles-ci sont datées par radiocarbone de la fin de la période gauloise au début de l’Antiquité romaine (100 avant notre ère à 100 de notre ère).

Des chevaux alignés 

Aujourd’hui, seules deux fosses sont intégralement fouillées. La première, contient 10 chevaux complets. Couchés sur le flanc droit, la tête au sud, ceux-ci ont été soigneusement déposés dans la fosse et organisés sur deux rangées et sur deux niveaux. La position des corps et des connexions osseuses montre qu’ils ont été enfouis simultanément, très rapidement après leur mort. Les observations archéo-zoologiques révèlent qu’il s’agit de petits chevaux, d’1m20 de hauteur au garrot, caractéristiques du cheptel gaulois. Tous sont des mâles et des adultes de plus de 4 ans. Plus petite, la deuxième fosse ne contient que deux individus, identiques aux précédents. Entre ces deux ensembles, une autre fosse contient, quant à elle, deux chiens adultes, de taille moyenne, dont au moins un mâle. Couchés sur le flanc gauche, la tête à l’ouest, ils ont été également déposés avec soin. La fouille des autres structures est en cours, mais déjà apparaissent en surface, des restes de crânes et des os coxaux : 28 chevaux ont été identifiés à ce jour.

Epidémies, batailles ou sacrifices ?

Un épisode d’épidémie ou d’épizootie qui aurait touché le cheptel est à écarter puisque manquent les jeunes animaux et les juments. Toutefois la cause de la mort, accidentelle ou volontaire, n’est pas encore déterminée.

Ces chevaux inhumés dans une spectaculaire mise en scène rappellent les exceptionnelles découvertes de l’Inrap en Auvergne, à Gondole et l’Enfer, sites gaulois dans la plaine de Gergovie. À Gondole, une des fosses contenait huit cavaliers et leurs chevaux tandis qu’à l’Enfer 53 chevaux seuls étaient présents dans cinq fosses. À Villedieu-sur-Indre, comme dans la plaine de Gergovie, les fosses de chevaux ne contiennent aucun mobilier et ne sont associées à aucune autre structure. De plus, les trois sites sont à quelques centaines de mètre d’un oppidum (Gergovie, Gondole et le Camp de César). La situation géographique de Gergovie, la présence en masse de chevaux adultes mâles datés de la fin de l’indépendance gauloise, rendent séduisant le lien entre l’enfouissement de ces chevaux et les batailles de la Guerre des Gaules. Cette hypothèse est également envisageable à Villedieu-sur-Indre. La découverte de balles de fronde romaines sur l’oppidum du Camp de César témoigne d’un affrontement, oublié de l’histoire, en terre Bituriges Cubes, s’étant déroulé peut-être avant le fameux siège d’Avaricum (Bourges).


L’hypothèse d’animaux sacrifiés dans le cadre d’un rituel complexe, dont nous ne possédons que quelques bribes, doit être également envisagée. Le nombre de chevaux sacrifiés constitue un prélèvement massif au coeur d’un cheptel. Ce lourd investissement témoigne alors de l’importance du sacrifice.


À Gondole cavaliers et chevaux, inhumés au pied de l’oppidum, pourraient constituer des sacrifices volontaires de soldures, ces compagnons guerrier d’un roi celte se donnant la mort si celui-ci périt de mort violente (César BG III, 22, 1-335).
Les découvertes de Villedieu-sur-Indre complètent aujourd’hui celles réalisées voici deux décennies en Auvergne et amènent à reconsidérer les pratiques religieuses ou funéraires de la fin de l’âge du Fer et du début de l’époque romaine.

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